Au P'tit Ampuisais – Marlène Fauroux et Jérémie Delhomme

clamy-grandidier
26 sept.
3 min de lecture

« Quand la passion de la cuisine devient itinérante »

Dans la campagne du pays viennois, difficile de ne pas remarquer ce camion d’un autre temps, un Citroën HY de 1963 aux lignes rétro. Derrière ce fourgon aménagé en cuisine mobile se cache un projet singulier porté par Jérémie Delhomme et sa compagne Marlène Fauroux : Au P’tit Ampuisais, une aventure gourmande et itinérante qui mêle terroir, passion et art de vivre.

Les racines d’une vocation

Pour Jérémie Delhomme, la cuisine n’est pas qu’un métier, c’est une histoire de transmission. « La passion pour la cuisine m’est venue de mon grand-père vivant à Ampuis, dans la vallée du Rhône. Il avait le goût du bien manger et du bien boire. J’ai passé beaucoup de temps avec lui dans son potager, à la cueillette ou en cuisine et il m’a appris beaucoup. » De ces instants partagés est née l’évidence : faire de la cuisine sa vie.

Très tôt, il s’oriente vers cette voie. À la sortie du collège, il s’engage en alternance pour passer un CAP puis un BP cuisine. « Je savais déjà ce que je voulais, j’ai foncé », se souvient-il. Les expériences s’enchaînent : restaurants traditionnels, bistronomiques, semi-gastronomiques. Pour affiner sa sensibilité, il complète son parcours par une mention complémentaire en dessert de restaurant à l’assiette.

De la salle fixe… à la route

En 2019, Jérémie Delhomme ouvre son propre restaurant dans la campagne viennoise (38). Cinq années intenses qui lui permettent de se forger une identité culinaire et de gagner en assurance. Mais fin 2024, une envie de renouveau s’impose. « Avec Marlène, nous voulions un projet qui nous offre la possibilité d’aller à la rencontre des gens. Nous sommes tous les deux passionnés par les véhicules anciens, alors nous avons investi dans un Citroën HY de 1963 que nous avons aménagé en cuisine mobile. »

Depuis, le couple sillonne les villages, les routes de campagne, mais aussi les entreprises et les particuliers. Chaque étape devient une nouvelle scène culinaire. « Pour nous aujourd’hui, c’est ça le métier : aller vers les gens, faire découvrir ma cuisine dans des contextes différents. Notre camion nous offre une mobilité et une adaptabilité sans pareil. Chaque prestation, chaque évènement est unique, mais l’accueil est toujours chaleureux. C’est ce pourquoi nous le faisons. Ce métier, c’est beaucoup de partage et de rencontres », reconnait Jérémie Delhomme.

Le temps retrouvé

Le rythme de ce nouveau projet a quelque chose de poétique. Le camion, limité à 70 km/h, impose de quitter les autoroutes. « On prend les nationales et les petites routes. Ça nous oblige à ralentir, à regarder les paysages, à découvrir. Finalement, c’est une philosophie que l’on retrouve dans notre cuisine : prendre le temps de trouver les bons produits, de les cuisiner, et de les savourer. »

Cette temporalité assumée devient une signature, un art de vivre à part entière. Le nom de l’établissement, Au P’tit Ampuisais, rend hommage aux racines familiales, tout en évoquant une proximité chaleureuse.

La cuisine : terroir, saison et créativité

Dans son camion, Jérémie Delhomme imagine une carte qui s’adapte à la saison, au lieu, au public. « Nous sommes dans une région extrêmement riche, que ce soit en maraîchage, viandes, fromages ou vins. Il est facile de trouver des produits de qualité et nous travaillons avec des producteurs et artisans locaux au maximum. Respecter la saisonnalité, pour moi aujourd’hui, c’est une évidence, presque une obligation », précise le chef.

Une philosophie qui se traduit par des créations gourmandes, à mi-chemin entre la générosité populaire et la rigueur du cuisinier formé à la gastronomie. Parmi ses spécialités street-food, un plat phare s’impose : un pain à la semoule, préparé par son boulanger, généreusement garni d’un jambon cuit huit heures. « Quatre heures dans un bouillon de ma recette personnelle, puis quatre heures sur broche au feu de bois pour apporter le fumé et le croustillant. Je l’accompagne de chou chinois ou de salade, d’oignons frits et confits, et de ma sauce tartare maison. Quand la saison le permet, j’ajoute quelques tomates. »

Une bouchée qui résume bien l’esprit du chef : respect du produit, savoir-faire technique et gourmandise assumée.

Et demain ?

L’avenir s’écrit au fil des kilomètres. Pour Jérémie Delhomme et Marlène Fauroux, il n’est pas question de s’arrêter : « Nous voulons continuer de développer l’activité autour de nous, tout en prenant du plaisir à cuisiner et à aller à la rencontre des gens. Dans ce métier, chaque évènement est différent, il n’y a pas de routine, pas d’ennui en vue ! »